24 août 2022 - karinerioux

Qu’est ce que l’attention?

1. Définition générale de l’attention

« En 1890, William JAMES, un des pionniers de la psychologie moderne, définissait l’attention comme un processus de sélection, parce qu’il implique de choisir un stimuli parmi plusieurs autres. L’attention est toutefois plus complexe. C’est un processus dynamique soumis à une interaction constante entre les données sensorielles venant de l’environnement et leur traitement interne. L’attention n’est pas une habileté passive mais plutôt une série d’aptitudes et de stratégies cognitives que les enfants doivent développer et utiliser à bon escient. La perception sensorielle, particulièrement la vision, l’audition et les perceptions kinesthésiques, constitue le préalable fondamental de l’attention. »

Une multitude de facteurs extérieurs aux processus cognitifs eux-mêmes ont un impact majeur sur les ressources attentionnelles des enfants. Par exemple, le contexte environnemental ( climat, aménagement de la classe, place de l’élève dans le groupe, …), la disponibilité affective (perturbations, conflits familiaux, difficultés d’intégration sociale, …), le manque de discipline, les troubles du comportement ou encore une estime de soi fragile peuvent affaiblir l’attention des élèves.

2. Les processus cognitifs de l’attention

« D’après la terminologie établie par Goudreau et Poulin:

  • L’éveil ou alerte :  L’éveil est cet état de conscience qui nous caractérise quand nous passons du sommeil à l’éveil.
    Il fait référence à une ouverture sensorielle sur le monde qui nous entoure.
  • L’attention sélective ou focalisée : L’attention sélective est la capacité qu’une personne a de sélectionner un stimulus parmi d’autres, de façon consciente ou non, comme le centre de son attention. Ce processus implique un tri d’information et une fermeture sensorielle envers les stimuli qui ne sont pas retenus comme importants ou pertinents. En classe, par exemple, l’attention sélective permet à l’élève de diriger son attention vers la voix de l’enseignant tout en ignorant son voisin qui bouge sur sa chaise, l’autobus qui passe dans la rue ou les élèves qui circulent dans le couloir.
  • L’attention maintenue ou soutenue : Ce type d’attention est lié à l’attention sélective, car il permet, une fois que le stimulus est sélectionné, de maintenir l’attention dans le temps  C’est le processus qui permet de persévérer dans une tâche et de la terminer dans un délai raisonnable, malgré la présence de petites distractions ( ex: en situation de production d’écrits ou quand ils sont absorbés par la lecture d’une histoire sans qu’on puisse les distraire).
  • L’attention partagée ou divisée : L’attention partagée fait intervenir la capacité de traiter simultanément deux ou plusieurs types d’information. Elle permet en fait de faire deux tâches de façon concomitante avec succès, par exemple écouter des explications tout en prenant des notes. Un individu pourra exécuter deux tâches en obtenant un meilleur succès si l’une des deux tâches est automatisée. C’est un élément d’importance car,  à l’école, l’élève est souvent amené à utiliser l’attention partagée quand il doit prendre des notes tout en portant attention aux explications qui les accompagnent.
  •  La vigilance : La vigilance est la capacité de reconnaître un stimulus attendu, parmi d’autres stimuli, au cours d’une tâche d’une certaine durée. Ce stimulus attendu fait appel à un autre sens que celui qui est utilisé lors de la tâche en cours. Même si notre attention est dirigée vers un stimulus quelconque lors d’une tâche, nous gardons un certain éveil envers ce qui nous entoure. Notre radar reste en fonction, même si nous sommes concentrés sur un travail. La vigilance nous permet, par exemple, d’entendre une sonnette d’alarme alors que nous sommes en train de remplir une tâche écrite, ou encore d’entendre l’enseignant donner le signal d’arrêt lors d’un examen. La vigilance permet de porter attention à un stimulus attendu et non de se laisser distraire par un autre stimulus non pertinent et inattendu. C’est un processus qui peut être volontaire, alors que la distraction est involontaire. »

 

Faire émerger le concept d’attention sélective:

https://www.youtube.com/watch?v=E-pLmE3uHGc

 

Outil intéressant pour travailler l’attention en classe ( Attentix, d’Alain CARON, empruntable au RASED):

https://www.alaincaron.net/#quiestattentix

 

23 août 2022 - karinerioux

TDAH

Un enfant de votre classe est turbulent, hyperactif, dérange les autres, est intolérant à la frustration, … Il vous pousse à bout et vous met à mal.

Quelles sont les causes possibles?

  • troubles psychopathologiques 40%
  • TDAH 40%
  • Troubles spécifiques des apprentissages 15%
  • Déficience intellectuelle et autres 5%

1. Qu’est-ce que le TDAH et quels sont les critères diagnostics qui permettent de l’évaluer?

C’est un mode persistant d’inattention et/ou hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement et qui a un retentissement négatif direct sur les activités sociales et scolaires.

Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental, c’est-à-dire lié au développement du cerveau et du système nerveux  selon la 5e édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Il y a plusieurs critères que l’enfant ou l’adulte doit remplir pour qu’un professionnel qualifié (psychologue, neuropsychologue, médecin) puisse poser un diagnostic de TDAH selon le DSM-5. Ces critères diagnostiques sont décrits dans l’encadré ci-dessous.

Critères diagnostiques du DSM-5 pour le TDAH

  1. D’abord, il doit y avoir présence de A.1 ou A.2 :
    1. (A.1) Chez l’enfant, au moins 6 des 9 symptômes d’inattention suivants (au moins 5 chez l’adulte de 17 ans et +) : 
      1. Ne parvient pas à prêter attention aux détails ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs, le travail, etc. ;
      2. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux ;
      3. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement ;
      4. Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs, ses travaux, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles ;
      5. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités ;
      6. Souvent évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (p.ex. lecture) ;  
      7. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités ;
      8. Se laisse facilement distraire par les éléments de son environnement ou par ses propres pensées ;
      9. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (p.ex. livres pour faire les devoirs, rendez-vous) .
    2. (A.2) Chez l’enfant, au moins 6 des 9 symptômes d’hyperactivité/d’impulsivité suivants (au moins 5 chez l’adulte) :
      1. Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège, grouille ;
      2. Se lève souvent en classe, au bureau ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis ;
      3. Court ou grimpe partout dans les situations où cela est inapproprié (sentiment de ne pas pouvoir rester en place à l’âge adulte) ;
      4. A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir ;
      5. Agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts» (p.ex. incapable de rester en place en classe, en réunion) ;
      6. Parle trop souvent ;
      7. Laisse échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée (termine les phrases de l’autre) ;
      8. A souvent du mal à attendre son tour (p.ex. pour parler ou en ligne) ;
      9. Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (p.ex. fait irruption dans les conversations ou dans les jeux).
  2. Le début des symptômes doit se situer avant l’âge de 12 ans.
  3. Les difficultés doivent s’exprimer dans au moins 2 sphères de vie différentes.
  4. Ils doivent réduire la qualité ou nuire au fonctionnement de façon cliniquement significative dans au moins un environnement.
  5. Les difficultés rapportées ne doivent pas être mieux expliquées par autre chose, tel qu’un autre trouble neurodéveloppemental ou un autre trouble de santé physique ou de santé mentale.

 Si tous ces critères (A à E) sont remplis, on doit spécifier le type de TDAH que présente l’individu, c’est-à-dire :

  • De type mixte si les critères A1 (d’inattention) et A2 (d’hyperactivité/impulsivité) sont présents depuis les 6 derniers mois.
  • De type inattention prédominante si les critères A1 (d’inattention) sont présents depuis les 6 derniers mois, mais non les critères A2 (d’hyperactivité/impulsivité).
  • De type hyperactivité/impulsivité prédominantes si les critères A2 (d’hyperactivité/impulsivité) sont présents depuis les 6 derniers mois, mais non les critères A1 (d’inattention).

 On doit aussi spécifier le degré actuel de sévérité :

  • Léger : Le seuil minimal de symptômes est présent. Ils interfèrent de façon mineure avec le fonctionnement.
  • Modéré : Un nombre modéré de symptômes sont présents (entre léger et sévère). Ils interfèrent de façon modérée avec le fonctionnement.
  • Sévère : Presque tous les symptômes sont présents. Ils interfèrent de façon marquée et sévère avec le fonctionnement.

Toute personne qui a de la difficulté à se concentrer n’a pas un TDAH pour autant. Chez l’enfant ou l’adolescent, plusieurs questionnaires d’observations du comportement, tests neuropsychologiques et entretiens diagnostiques sont nécessaires pour évaluer le TDAH.

2. Causes :

Elles sont multifactorielles. C’est une combinaison de facteurs génétiques, neurologiques et environnementaux.

2. Signes de repérage en classe:

– déborde d’énergie, bouge exagérément

– ne semble pas écouter quand on lui parle, il a l’esprit ailleurs, est « dans la lune »

– fautes d’étourderies

– difficultés d’organisation

– perd ses affaires

– fatigable/fatigant

– manque de contrôle (idées, émotions, mouvements)

– difficulté à attendre et différer

– …

3. Diagnostic:

Le diagnostic sera réalisé par une équipe pluridisciplinaire ( neurologue, neuropsychologue, psychologue)

– observation

– anamnèse

– test psychométrique

– examens neuropsychologiques

4. Aménagements possibles en classe

Un enfant hyperactif va avoir besoin de bouger. Si on lui demande de ne pas bouger, cela va occuper une grande partie de ses capacités attentionnelles et il ne sera plus performant pour les apprentissages. Si on adapte son environnement ( travailler debout, assise instable, bande élastique sous le bureau, ballon de gym, …) il pourra remobiliser ses ressources attentionnelles.

Attention cependant à bien expliciter les règles d’utilisation des différents aménagements et fidgets auparavant à l’élève.

ex: « Tu as besoin de manipuler un objet pour être concentré car sinon ton agitation peut t’empêcher d’apprendre. Je te donne ce fidget, c’est un outil pour t’aider à te concentrer et non un jouet… Tu n’as pas le droit de le lancer, de faire du bruit avec, de déranger les autres, … »

http://rased-paulbert-auxerre.ec.ac-dijon.fr/wp-content/uploads/sites/665/2022/08/Amenagements-possibles.pdf

Document de l’Académie de Paris « Les enfants avec un TDAH et leur scolarité » qui rappelle ce qu’est le TDAH et comment le repérer et qui propose des aménagements à mettre en place en classe 🙂

http://rased-paulbert-auxerre.ec.ac-dijon.fr/wp-content/uploads/sites/665/2022/08/plaquette-amenagements-TDAH1.pdf

 

 

Vidéo « Repérer le TDAH chez l’enfant » à visionner ici 😉

https://www.youtube.com/watch?v=em5HYdNDqsk

Bande dessinée expliquant le TDAH avec beaucoup d’humour:

http://rased-paulbert-auxerre.ec.ac-dijon.fr/wp-content/uploads/sites/665/2022/08/Bande-dessin®e-TDAH.pdf