Sous-main pour l’écriture
Voici un sous-main trouvé sur le site « Bouge ta plume » la boîte à outils de la graphopédagogie qui permet de rappeler à l’élève:
- la posture
- l’inclinaison du cahier
- le modèle cursif de chaque lettre
- le respect de la taille des lettres
- la gestion des passagers ( accents, points, barres) cf vidéo https://www.bougetaplume.fr/les-passagers-de-l-ecriture.php
- la levée du crayon pour débuter les lettres rondes
sous-main à télécharger ici :
La gym des doigts
Voici quelques exercices de motricité fine proposés par « Bouge ta plume » cabinet de graphopédagogie. Exercices facilement réalisables en tout lieu et qui peuvent être utilisés en introduction à vos séances d’écriture:
tenue du stylo
Voici une vidéo réalisée par Josiane Caron Santha, ergothérapeute canadienne, pour aider les enfants à bien positionner leurs doigts pour tenir leur stylo:
Qu’est ce que l’attention?
1. Définition générale de l’attention
« En 1890, William JAMES, un des pionniers de la psychologie moderne, définissait l’attention comme un processus de sélection, parce qu’il implique de choisir un stimuli parmi plusieurs autres. L’attention est toutefois plus complexe. C’est un processus dynamique soumis à une interaction constante entre les données sensorielles venant de l’environnement et leur traitement interne. L’attention n’est pas une habileté passive mais plutôt une série d’aptitudes et de stratégies cognitives que les enfants doivent développer et utiliser à bon escient. La perception sensorielle, particulièrement la vision, l’audition et les perceptions kinesthésiques, constitue le préalable fondamental de l’attention. »
Une multitude de facteurs extérieurs aux processus cognitifs eux-mêmes ont un impact majeur sur les ressources attentionnelles des enfants. Par exemple, le contexte environnemental ( climat, aménagement de la classe, place de l’élève dans le groupe, …), la disponibilité affective (perturbations, conflits familiaux, difficultés d’intégration sociale, …), le manque de discipline, les troubles du comportement ou encore une estime de soi fragile peuvent affaiblir l’attention des élèves.
2. Les processus cognitifs de l’attention
« D’après la terminologie établie par Goudreau et Poulin:
- L’éveil ou alerte : L’éveil est cet état de conscience qui nous caractérise quand nous passons du sommeil à l’éveil.
Il fait référence à une ouverture sensorielle sur le monde qui nous entoure. - L’attention sélective ou focalisée : L’attention sélective est la capacité qu’une personne a de sélectionner un stimulus parmi d’autres, de façon consciente ou non, comme le centre de son attention. Ce processus implique un tri d’information et une fermeture sensorielle envers les stimuli qui ne sont pas retenus comme importants ou pertinents. En classe, par exemple, l’attention sélective permet à l’élève de diriger son attention vers la voix de l’enseignant tout en ignorant son voisin qui bouge sur sa chaise, l’autobus qui passe dans la rue ou les élèves qui circulent dans le couloir.
- L’attention maintenue ou soutenue : Ce type d’attention est lié à l’attention sélective, car il permet, une fois que le stimulus est sélectionné, de maintenir l’attention dans le temps C’est le processus qui permet de persévérer dans une tâche et de la terminer dans un délai raisonnable, malgré la présence de petites distractions ( ex: en situation de production d’écrits ou quand ils sont absorbés par la lecture d’une histoire sans qu’on puisse les distraire).
- L’attention partagée ou divisée : L’attention partagée fait intervenir la capacité de traiter simultanément deux ou plusieurs types d’information. Elle permet en fait de faire deux tâches de façon concomitante avec succès, par exemple écouter des explications tout en prenant des notes. Un individu pourra exécuter deux tâches en obtenant un meilleur succès si l’une des deux tâches est automatisée. C’est un élément d’importance car, à l’école, l’élève est souvent amené à utiliser l’attention partagée quand il doit prendre des notes tout en portant attention aux explications qui les accompagnent.
- La vigilance : La vigilance est la capacité de reconnaître un stimulus attendu, parmi d’autres stimuli, au cours d’une tâche d’une certaine durée. Ce stimulus attendu fait appel à un autre sens que celui qui est utilisé lors de la tâche en cours. Même si notre attention est dirigée vers un stimulus quelconque lors d’une tâche, nous gardons un certain éveil envers ce qui nous entoure. Notre radar reste en fonction, même si nous sommes concentrés sur un travail. La vigilance nous permet, par exemple, d’entendre une sonnette d’alarme alors que nous sommes en train de remplir une tâche écrite, ou encore d’entendre l’enseignant donner le signal d’arrêt lors d’un examen. La vigilance permet de porter attention à un stimulus attendu et non de se laisser distraire par un autre stimulus non pertinent et inattendu. C’est un processus qui peut être volontaire, alors que la distraction est involontaire. »
Faire émerger le concept d’attention sélective:
https://www.youtube.com/watch?v=E-pLmE3uHGc
Outil intéressant pour travailler l’attention en classe ( Attentix, d’Alain CARON, empruntable au RASED):
https://www.alaincaron.net/#quiestattentix
TDAH
Un enfant de votre classe est turbulent, hyperactif, dérange les autres, est intolérant à la frustration, … Il vous pousse à bout et vous met à mal.
Quelles sont les causes possibles?
- troubles psychopathologiques 40%
- TDAH 40%
- Troubles spécifiques des apprentissages 15%
- Déficience intellectuelle et autres 5%
1. Qu’est-ce que le TDAH et quels sont les critères diagnostics qui permettent de l’évaluer?
C’est un mode persistant d’inattention et/ou hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement et qui a un retentissement négatif direct sur les activités sociales et scolaires.
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental, c’est-à-dire lié au développement du cerveau et du système nerveux selon la 5e édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Il y a plusieurs critères que l’enfant ou l’adulte doit remplir pour qu’un professionnel qualifié (psychologue, neuropsychologue, médecin) puisse poser un diagnostic de TDAH selon le DSM-5. Ces critères diagnostiques sont décrits dans l’encadré ci-dessous.
Critères diagnostiques du DSM-5 pour le TDAH
Si tous ces critères (A à E) sont remplis, on doit spécifier le type de TDAH que présente l’individu, c’est-à-dire :
On doit aussi spécifier le degré actuel de sévérité :
|
Toute personne qui a de la difficulté à se concentrer n’a pas un TDAH pour autant. Chez l’enfant ou l’adolescent, plusieurs questionnaires d’observations du comportement, tests neuropsychologiques et entretiens diagnostiques sont nécessaires pour évaluer le TDAH.
2. Causes :
Elles sont multifactorielles. C’est une combinaison de facteurs génétiques, neurologiques et environnementaux.
2. Signes de repérage en classe:
– déborde d’énergie, bouge exagérément
– ne semble pas écouter quand on lui parle, il a l’esprit ailleurs, est « dans la lune »
– fautes d’étourderies
– difficultés d’organisation
– perd ses affaires
– fatigable/fatigant
– manque de contrôle (idées, émotions, mouvements)
– difficulté à attendre et différer
– …
3. Diagnostic:
Le diagnostic sera réalisé par une équipe pluridisciplinaire ( neurologue, neuropsychologue, psychologue)
– observation
– anamnèse
– test psychométrique
– examens neuropsychologiques
4. Aménagements possibles en classe
Un enfant hyperactif va avoir besoin de bouger. Si on lui demande de ne pas bouger, cela va occuper une grande partie de ses capacités attentionnelles et il ne sera plus performant pour les apprentissages. Si on adapte son environnement ( travailler debout, assise instable, bande élastique sous le bureau, ballon de gym, …) il pourra remobiliser ses ressources attentionnelles.
Attention cependant à bien expliciter les règles d’utilisation des différents aménagements et fidgets auparavant à l’élève.
ex: « Tu as besoin de manipuler un objet pour être concentré car sinon ton agitation peut t’empêcher d’apprendre. Je te donne ce fidget, c’est un outil pour t’aider à te concentrer et non un jouet… Tu n’as pas le droit de le lancer, de faire du bruit avec, de déranger les autres, … »
Document de l’Académie de Paris « Les enfants avec un TDAH et leur scolarité » qui rappelle ce qu’est le TDAH et comment le repérer et qui propose des aménagements à mettre en place en classe 🙂
Vidéo « Repérer le TDAH chez l’enfant » à visionner ici 😉
https://www.youtube.com/watch?v=em5HYdNDqsk
Bande dessinée expliquant le TDAH avec beaucoup d’humour:
Copie
Capacités mises en jeu :
- Maîtrise gestuelle et coordination oculo-manuelle.
- Perception de l’espace : se repérer dans deux espaces différents et assurer le va-et-vient entre ces deux espaces. Copier exige que l’on sache coordonner la perception visuelle et les mouvements de la main qui peuvent permettre de reproduire ce qui est perçu. Il faut d’abord résoudre des problèmes de perception visuelle puisque le plus souvent, on doit passer d’une perception éloignée (le modèle est souvent au tableau) à la perception beaucoup plus proche du cahier. Or, ce travail demande un travail d’accommodation de l’œil.
- Lecture : compréhension globale du texte.
- Mémorisation : mémoire immédiate. Il s’agit de conduire les élèves à maîtriser la stratégie qui consiste à substituer à la perception visuelle l’évocation mentale de ce qui a été perçu.
- Contrôle de son activité : retour pour vérification après chaque copie d’un empan visuel.
Méthodologie pour enseigner la copie : se centrer sur 5 verbes d’action :
1) Anticiper
2) Ecrire
3) Identifier les stratégies
4) Entraîner l’élève
5) Evaluer
Anticiper :
- Développer des stratégies avant même l’acte de copier et penser une différenciation positive pour placer chacun en situation de réussite :
– choisir le support utilisé pour afficher ce texte lors de la copie
– choisir le support utilisé par l’élève pour écrire
– lire et/ou faire lire le texte à copier
– identifier les spécificités du type de texte choisi (alinéas, retours à la ligne, tirets, guillemets…)
– attirer l’attention des élèves sur les difficultés de l’écrit : prévoir les difficultés orthographiques en surlignant les mots longs, nouveaux, difficiles ; réactiver les connaissances (ex « nt » donc sujet pluriel ou sujet pluriel donc « nt ») ; mettre des indices de couleur (majuscules, signes de ponctuation)
– aider l’élève à découper en unités de sens
– aider l’élève à verbaliser ce qu’il voit pour mieux voir
Ecrire :
- Observer la position physique pour correction éventuelle : jambes placées avec pieds au sol, dos droit
- Observer la tenue de l’outil scripteur pour correction éventuelle : tenue du crayon en pince correcte
- Veiller au bon positionnement de la feuille
- Observer le sens des tracés pour correction éventuelle
- Observer les procédures utilisées par l’élève : empan visuel de la copie
- Différencier la tâche en fonction des capacités de l’élève : place du modèle (plus ou moins éloigné), taille des caractères, grosseurs des interlignes, supports pour la copie (lignage 5 mm, 3mm, ….)
Identifier les stratégies :
- Analyser les erreurs et les réussites : faire verbaliser les procédures de copie, analyser les plus efficaces et viser leur automatisation
- Utiliser l’image visuelle du mot pour mémoriser
- Segmenter le texte en unités porteuses de sens, faciles à mémoriser
- Amener l’élève à un contrôle de son activité par un retour sur sa propre copie « bloc par bloc »
- Exercer la mémoire immédiate : élargir l’empan de mémoire
- Travailler le découpage des textes en groupes porteurs de sens
- Relire le texte une fois copiée pour en vérifier le sens, une seconde fois pour en vérifier l’orthographe et la ponctuation
Entraîner l’élève :
- Donner une valeur fonctionnelle à la copie : communiquer, conserver, témoigner, se souvenir,
- mettre l’accent sur les qualités de présentation
- Augmenter l’empan visuel et la vitesse de saisie : passer rapidement à une saisie complète d’un mot, puis d’un groupe de mots, d’une phrase… ; copier un texte que l’on n’a pas en permanence sous les yeux (utilisation de caches et vérification)
- Développer la concentration et la mémorisation : procéder par effacement progressif du texte ;jouer sur le temps entre la fixation du modèle et la copie, pratiquer une copie sélective (identifier les intrus dans un texte pour ne pas les recopier) ; imposer un nombre limité de retours au texte ;jouer sur l’espace entre le texte source et le support de copie (texte placé devant soi, au tableau ; texte placé derrière soi, affiché au fond de la classe ou placé sur une table plus loin ; texte placé
au dos de la feuille, au dos du tableau) - Développer l’attitude méta cognitive par une réflexion sur la démarche et les productions : faire des bilans collectifs, revenir sur les attendus de la tâche, les stratégies utilisées, les difficultés, élaborer un aide-mémoire pour rappeler les stratégies nécessaires d’une copie
efficace, faire observer en binôme le comportement de son camarade lors de la copie (posture, tenue du crayon, empan visuel, …) - Augmenter progressivement la quantité de l’écrit en fonction de la réussite des élèves
Exemples d’activités pour s’entraîner :
Objectifs | Activités | Déroulement |
Entraîner le geste graphique |
Copie guidée | L’enseignant écrit le mot au tableau en expliquant son geste graphique. Les explications portent sur le sens du mouvement, le lever de crayon éventuel et l’endroit de la reprise, la hauteur des lignes, l’interligne… |
Mémoriser
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Copie encadrée |
Le mot est écrit au tableau, lu ensemble, observé avec formulation orale de ses spécificités (syllabes, lettres représentant les phonèmes, lettres muettes, hauteurs des différentes lettres…). L’enseignant utilise un cache, laisse la 1ère lettre visible seulement, les élèves écrivent individuellement le mot entier. Vérification immédiate par les élèves confirmée par le maître (car les jeunes élèves ne voient pas facilement leurs erreurs). |
Cartons éclairs |
L’enseignant montre brièvement des mots écrits sur des cartons de telle sorte que les élèves ne puissent pas s’engager dans un décodage lettre à lettre mais mémorisent les syllabes, les mots. Vérification immédiate par les élèves confirmée par le maître |
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Parvenir à |
Copie active | Phase 1 : La phrase est copiée sur des bandes de carton par le maître (ou par des élèves). Phase 2 : L’enseignant, ou un élève, lit d’abord la totalité du texte (une phrase maximum au début) puis lève et montre le premier panneau en oralisant le ou les mots inscrits. Quand un élève est sûr de pouvoir copier sans erreur le texte qu’il a sous les yeux, il lève la main. Quand toutes les mains sont levées, le panneau est caché et les élèves écrivent. On peut aussi une fois la copie effectuée, faire une relecture de contrôle. Le panneau est alors remontré, toujours en oralisant le ou les mots qui apparaissent. Phase 3 : A l’issue de la copie, les élèves qui le souhaitent vont vérifier au fond de la classe qu’ils n’ont laissé aucune erreur. Les élèves peuvent aller voir le texte autant de fois qu’ils le souhaitent à condition de se déplacer sans leur brouillon et sans outil de prise de notes. Ceci afin de bien faire comprendre aux élèves qu’un texte copié ou dicté se doit d’être sans fautes. (Cette activité relève autant de la copie que de la dictée. L’élève est ainsi contraint de mémoriser un mot entier ou un groupe de mots et non de descendre -parfois sans même lire- une à une les lettres qui composent le ou les mots dictés. La relecture de contrôle vise à ancrer cette habitude chez les élèves. |
Evaluer:
Apprentissage de mots de dictées en ligne
Grâce à ce logiciel, vous pouvez entrer votre propre liste de mots à apprendre pour un entraînement en classe ou à la maison.
Vous pouvez ensuite obtenir une fiche de résultats personnalisée qui permet de visualiser les mots écrits correctement et ceux qu’ils restent à apprendre:
Calme et attentif comme une grenouille
Nous rencontrons de plus en plus d’élèves agités, dispersés, angoissés dans nos classes. Comment les aider à se concentrer? Comment les aider à s’apaiser?
La méditation de pleine conscience est un outil qui s’adapte parfaitement aux besoins des enfants.
Eline Snel est thérapeute. Elle a mis au point une méthode de méditation adaptée aux enfants et a créé aux Pays-Bas l’Académie pour l’enseignement de la pleine conscience.
Nous demandons souvent aux élèves : « Concentre-toi » , « Sois attentif », « Calme toi », … Mais prend-on toujours le temps de leur expliquer comment faire?
Eline SNEL a publié 2 ouvrages très intéressants et faciles à utiliser en classe. Il s’agit d’entraînements simples et ludiques de l’attention:
« La pleine conscience est cette aptitude de notre esprit à se tourner vers ce qui est là, ici et maintenant, à se rendre pleinement présent à chaque instant que nous vivons. C’est comprendre ce qui se passe maintenant en adoptant une attitude d’ouverture et de bienveillance. C’est être présent dans l’instant, sans juger, sans rejeter ce qui se passe, sans se laisser entraîner par l’agitation du jour.
La méditation de pleine conscience est de plus en plus utilisée en médecine et en psychothérapie.
Cette méthode passe beaucoup par le corps, langage parfaitement compris par les enfants. Les sens ( la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher) jouent aussi un rôle important dans l’apprentissage de l’attention. Cela peut aider nos élèves à se recentrer.
En s’exerçant à être attentif, les enfants apprennent à s’arrêter, à reprendre leur souffle et à sentir ce dont ils ont besoin. Cela leur permet de comprendre leur monde intérieur et celui des autres. »
Selon Eline SNEL, Les enseignants qui ont testé la méthode « calme et attentif comme une grenouille » ont constaté:
– davantage de calme en classe
– une meilleure concentration
– plus d’ouverture d’esprit
– l’acquisition d’une meilleure confiance en soi avec plus de bienveillance envers les autres
Voici une petite vidéo pour apprendre à se concentrer et à rester calme 😉 :
https://www.youtube.com/watch?v=WnxOoifQ398
Comment faire en classe?
– Mettre en place un rituel de 10 minutes de méditation par jour ( beaucoup plus efficace si pratiqué régulièrement, comme une habitude de classe)
– Utiliser la méditation pour des moments de retour au calme quand la classe commence à s’agiter
– On peut écouter plusieurs fois la même piste pour que les élèves s’imprègnent de l’exercice
– On peut demander aux élèves d’expliquer leur ressenti après ce moment de relaxation
La méthode aborde différents thèmes à travers des exercices sur CD audio:
– observer et se concentrer
– être à l’écoute de son corps
– patience, confiance et lâcher-prise
– apprendre à gérer ses émotions
– le monde des pensées
– être gentil, c’est agréable
On apprend par exemple à s’arrêter quand on a trop de chose en tête ou chaque fois qu’on a envie de se battre, de s’enfuir, de crier ou de s’en prendre à quelqu’un dans une situation stressante en utilisant « le bouton pause ».
Cet ouvrage est empruntable au RASED.
Les enfants empêchés de penser
Serge BOIMARE a commencé sa carrière comme instituteur. Il s’est ensuite spécialisé pour devenir rééducateur. Psychologue clinicien, psychothérapeute, il a été directeur du CMPP (Centre Médico-psycho-pédagogique ) Claude Bernard à Paris.
Il accompagne actuellement des équipes pédagogiques à la recherche de réponses innovantes pour réduire les inégalités scolaires. Il est l’auteur de nombreux ouvrages notamment » L’enfant et la peur d’apprendre » et « Ces enfants empêchés de penser ». Il a publié en 2019 « Retrouver l’envie d’apprendre ».
On observe chez les enfants en grande difficulté scolaire, une incapacité à s’appuyer sur leur monde interne pour apprendre. Tout se passe alors comme si le temps de suspension nécessaire à l’élaboration et à la réflexion ouvrait une brèche, laissant un vide où venaient s’engouffrer des craintes très anciennes dont ces enfants se débarrassent en coupant le fil de la pensée.
Ce moyen de défense est utilisé par les enfants qui n’ont pas les compétences psychiques suffisantes pour affronter la rencontre avec le manque, l’attente, la règle et la solitude. Exigences inhérentes à la conquête des savoirs fondamentaux. Sans cette colonne vertébrale (construite essentiellement au cours des premières expériences éducatives avec les interactions langagières et l’initiation à la frustration), la remise en cause provoquée par l’apprentissage est trop forte.
a) D’abord l’émergence de sentiments parasites
La première étape de l’empêchement de penser est marquée par l’arrivée de sentiments et d’émotions parasites qui vont pervertir l’objet de l’apprentissage et la relation
pédagogique. Ces idées et ces sentiments parasites tournent essentiellement autour de trois thèmes : la frustration, l’auto dévalorisation, la persécution. Ils infiltrent le fonctionnement intellectuel, et sont responsables de ces dérèglements multiples qui vont toucher aussi bien le comportement que l’outil nécessaire à l’apprentissage.
b) Le retour à l’équilibre avec l’empêchement de penser
Mais le scénario qui conduit à l’échec scolaire ne s’arrête pas là. Après la première étape en arrive une seconde qui est celle d’un verrouillage de la pensée pour ne plus avoir à rencontrer le doute et ne plus être confronté à l’élaboration intellectuelle qui dérange. Cette fois nous sommes vraiment devant l’empêchement de penser. Il se caractérise par deux défauts majeurs et graves.
– Le premier, c’est la phobie du temps de suspension marquée par la peur et le refus d’entrer dans le moment d’incertitude qui va avec l’apprentissage. Les activités de recherche, de fabrique d’hypothèses, de construction… nécessaire à la mise en place des savoirs de base, vont être rejetées.
B – Comment une utilisation intensive de la culture, du langage et du groupe permet de traiter avec les réfractaires à l’apprentissage et d’améliorer le niveau de l’école.
Une pédagogie qui repose sur trois ressorts. Il s’agit :
1. d’un apport culturel intensif
2. allié à un entraînement journalier à parler et à débattre
3. dans une classe où la cohésion groupale est toujours recherchée
Une pédagogie qui réclame des changements forts pour montrer son efficacité:
– Premier changement
une heure journalière consacrée à la construction d’un patrimoine commun, donné à tous les élèves avec la culture et le langage sur le temps de la classe
Comment le faire ?
La journée de classe débute toujours par deux activités clefs dans lesquelles vont s’enraciner les savoirs fondamentaux :
– le nourrissage culturel
– l’entraînement à parler et à débattre
1) Le nourrissage culturel peut prendre des formes diverses mais il commence toujours par de la lecture à haute voix par l’enseignant, de textes fondamentaux, (contes, mythes, romans initiatiques, fables…).
2) L’entraînement à parler et à débattre se fait toujours en liaison avec le nourrissage culturel
Il comprend un temps de reformulation de ce qui a été compris, prolongé par un débat entre élèves de type argumentaire. Le sujet du débat est toujours trouvé dans une question fondamentale abordée par le texte.
Objectifs:
1. Susciter le désir d’apprendre de tous les élèves.
2. Montrer l’intérêt et le plaisir de la lecture.
3. Construire une culture commune.
4. Donner une cohésion groupale à la classe.
5. Enrichir et sécuriser les représentations des empêchés de penser pour renforcer leur fonction imageante.
6. Aider les élèves à structurer leur pensée et à utiliser leur capacité réflexive.
Second changement
La mobilisation de l’intérêt autour d’un récit, d’un héros, voire même autour de questions qui ont été soulevées par un texte et parfois reprise dans les activités de débat, est un excellent étayage pour aborder l’effort intellectuel qui accompagne l’apprentissage dans le moment suivant. Son efficacité sera rapidement et facilement vérifiée avec les meilleures élèves. Avec les empêchés de penser nous allons pouvoir constater progressivement que les sentiments parasites, si vite
déclenchés devant les contraintes, trouvent ici une issue : grâce à cette mise en forme et en images proposée par les mots et les histoires, les inquiétudes personnelles sont reprises peu à peu dans des préoccupations plus universelles, beaucoup plus favorables au fonctionnement de la pensée.
Bien entendu, il faut pour cela que les exercices, les exemples, les problèmes , les expérimentations, se réfèrent à ce qui a été amené et discuté au cours de cette heure consacrée à la mise en place de cette plate-forme commune.
Cette liaison entre culture partagée et apprentissage peut concerner les savoirs fondamentaux comme la lecture, l’écriture ou le sens des opérations.
Que nous apportent les neurosciences affectives ?
Catherine Gueguen est pédiatre à l’Institut hospitalier Franco–britannique (Levallois–Perret) . Spécialisée dans le soutien à la parentalité, formée en communication non violente, elle anime aussi des groupes de travail pour les médecins, psychologues, éducateurs, sur l’aide et le soutien à apporter aux parents. Elle explique dans la vidéo suivante ce que nous apprennent les dernières découvertes des neurosciences affectives et sociales sur le jeune enfant et le développement de son cerveau.
Elle aborde notamment l’importance des relations bienveillantes et chaleureuses dans la petite enfance pour un bon développement du cerveau. Des situations de stress ou traumatiques, peuvent entraîner la sécrétion de cortisol (hormone du stress) qui, à l’inverse, nuit au bon développement du cerveau. Mais elle précise que rien n’est figé car le cerveau de l’enfant est très malléable et qu’il peut évoluer jusqu’à l’âge de 25 ans. Il est donc très important pour les élèves fragilisés d’instaurer à l’école un climat bienveillant et empathique où l’enfant est valorisé au maximum pour l’aider à prendre confiance en lui petit à petit.
Vidéo à visionner ici 🙂 : https://www.youtube.com/watch?v=8ZehO4bjPo4